Les intervenants à une conférence internationale, organisée vendredi à Tunis par le front pour l’égalité et les droits des femmes sur le thème « la cyberviolence à l’égard des femmes » avec la participation d’académiciens et de chercheurs d’Espagne, de Tunisie, du Danemark, du Bénin et de représentants d’organisations internationales, ont convenu que « le cyberespace est un lieu non sécurisé pour les femmes » en raison « des violences qu’elles subissent sur la toile qui ne sont sanctionnées par les autorités compétentes ».
Cette conférence internationale qui a pour objectif de faire la lumière sur les pratiques et les stratégies adoptées par de nombreux pays en matière de lutte contre la cyberviolence, débouchera sur un document final sur les droits des femmes à l’ère de la numérisation et les moyens de protection des femmes dans le Cyberespace.
La coordinatrice des programmes à ONU-femmes en Tunisie Boutheina Hammami a indiqué que la loi numéro 58 de l’année 2017 relative à la lutte contre les violences faites aux femmes n’a pas incriminé les actes de violence sur la toile ni prévu de sanctions contre les auteurs de la cyberviolence.
Elle a évoqué l’absence d’une plateforme unifiée comportant des chiffres exacts et précis sur les femmes victimes de violence en Tunisie, appelant dans ce contexte à organiser des sessions de formation sur les moyens de prise en charge des femmes victimes de violence.
Hammami a précisé qu’une étude a été élaborée par ONU-Femmes en 2021 sur la cyberviolence à l’égard des femmes dans 9 pays arabes y compris la Tunisie.
« Dans le cadre de cette étude 1284 personnes ont été interrogées dont 510 femmes » a-t-elle relevé, soulignant que 54 pc parmi ces femmes ont déclaré se sentir en insécurité dans l’espace virtuel et 19 pc ont affirmé avoir été victimes de violences.
De son côté, la sociologue Fethia Saïdi a indiqué que le rapport du front pour l’égalité et les droits des femmes sur la cyberviolence à l’égard des femmes dans l’espace virtuel s’est basé sur l’analyse de 49 documents et rapports élaborés par 46 pays qui ont été publiés durant la période 2000 et 2022 ayant permis de constater que 26 pc de ces pays ont sanctionné les auteurs des cyberviolences.
Elle a indiqué que la cyberviolence, qui est pratiquée sur les plateformes numériques se propage avec virulence d’où la difficulté d’identifier ses auteurs, ajoutant que ces agissements ont des effets négatifs sur la santé mentale et physique des femmes et leurs parcours professionnel.
Cette conférence qui a été organisée par le front pour l’égalité et les droits des femmes, en partenariat avec l’institut danois des droits de l’homme, l’institut danois de lutte contre la torture et ONU- Femmes a comporté des communications, des ateliers de travail sur l’impact de l’intelligence artificielle sur les droits de la femme et le cadre législatif visant à venir à bout de la cyberviolence, outre le l’adoption de plans de prévention pour faire face aux risques du cyberespace.